Mardi 30 juillet, la préfecture de la Région Grand Est a présenté les résultats du comptage de terriers de grands hamsters, en Alsace au printemps. Ces chiffres obtenus au printemps restent très en-deçà des attendus. « Nous ne sommes pas parvenus aux 1 500 hamsters que l’on devrait avoir sur une zone de 600 hectares d’un seul tenant (soit 4 500 hamsters sur trois zones en Alsace, NDLR) », observe Julien Eidenschenck, chef de l’unité agroécologie et du plan national d’actions Hamster à l’Office français de la biodiversité (OFB). Selon lui, il faudra encore du temps pour que les mesures prises par l’État, qui soutient la viabilité de l’espèce à grands coups de millions d’euros, soient visibles : « Tout cela est un travail de longue haleine. On ne se décourage pas, nous restons motivés. » Le premier plan de conservation de l’État remonte à 2000.
1 500 hamsters d’ici 2028
Selon les données récoltées par l’OFB, 1 155 terriers ont été recensés en Alsace sur 3 098 hectares de cultures favorables (blé, orge, luzerne…) dans trois zones de protection statique (ZPS). Les chiffres sont en augmentation sur un an (802 terriers en 2023) mais restent faibles.
Toutefois, « il n’y a pas de lien direct entre un terrier et le hamster mais une majorité des terriers sont occupés par un individu. Cela constitue un indice concernant l’abondance de l’espèce », précise Julien Eidenschenck. Pour autant, selon le responsable du plan national d’actions lié au hamster commun à l’OFB, « on ne peut pas dire que l’espèce est sauvée ».
Entre Obernai et Geispolsheim (ZPS centre), 691 terriers ont été comptabilisés. C’est là où le hamster est le plus présent. 297 terriers sont présents entre Ernolsheim-Bruche et Truchtersheim, d’après les chiffres de l’Office français de la biodiversité. Dans la ZPS sud (autour de Grussenheim), les résultats sont moins bons car seulement 167 terriers ont été recensés. « Il faut reconquérir les terrains en y cultivant plus de blé, de la luzerne, des bandes de fleuris et des carottes en vue de la sécheresse », insiste Jean-Paul Burget. Le président de l’association Sauvegarde faune sauvage réclame également :
Pour que le hamster puisse mieux vivre, il faudrait une zone continue de terriers et pas seulement à trois endroits différents. Les populations doivent se brasser entre elles comme c’est le cas à Obernai et Geispolsheim.
Compte tenu des effectifs actuels, l’OFB espère de son côté « constater une hausse marquante d’ici 10-15 ans. Mais pour l’instant notre objectif est d’atteindre 1 500 hamsters toutes zones confondues d’ici 2028 ».
Un nouvel engagement dans le Haut-Rhin
Là où ça coince, c’est dans le Haut-Rhin. Trois terriers avaient été dénombrés en 2023, selon l’association Sauvegarde faune sauvage. Et, seules deux communes participent à la protection du grand hamster : Grussenheim et Jebsheim, situées à la frontière avec le Bas-Rhin comme l’explique Julien Eidenschenck :
« Il s’agit d’une petite population résiduelle. On s’engage à la maintenir. Nos efforts mettent du temps à être visibles. Restaurer une espèce, cela prend du temps. Il est toujours plus facile de maintenir une population déjà importante ».
Peu de communes sont investies dans ce département, ce que déplore le président de l’association Sauvegarde faune sauvage, Jean-Paul Burget :
« De nombreux territoires sont délaissés depuis 2010. Je pense à Niederhergheim, Ensisheim, Oberhergheim et Guggenheim. 250 à 300 hamsters sont morts à cause de la monoculture de maïs ».
Les espoirs d’une augmentation du nombre de rongeurs sur ce territoire sont présents du côté de l’Etat, avec l’aide d’agriculteurs. « En 2024, un nouvel engagement a été pris pour cinq ans avec les agriculteurs déjà participants dans le Haut-Rhin. Ils ont réfléchi aux modalités de la protection du hamster afin d’être en phase avec leurs pratiques agricoles. Il y a une dynamique à installer », explique Julien Eidenschenck, de l’Office français de la biodiversité. Côté Bas-Rhin, 240 agriculteurs sont engagés au sein de l’association Agriculteurs faune sauvage d’Alsace (Afsal).
Une répartition à la hausse
Depuis 2016, la tendance de répartition du grand hamster d’Alsace est à la hausse. Le nombre de communes où se trouvent les terriers est passé de 15 à 25 en 2024, sur 880 communes que compte l’Alsace. Entre 2023 et 2024, le hamster a toutefois quitté deux communes. « Il peut se balader sur deux communes limitrophes, d’où les fluctuations possibles d’une année à l’autre », justifie le chef de l’unité agroécologie et du plan national d’actions Hamster à l’OFB.
Même constat pour les mailles de présence : 157 mailles de 25 hectares, soit 3 925 ha de cultures favorables, ont été comptabilisées en 2024. C’est 32 de plus qu’en 2023. « Nous avions 125 mailles sur 3 125 hectares l’an dernier et en 2012, nous étions à 69 mailles », se félicite Julien Eidenschenck qui précise que la prochaine révision des zones protégées aura lieu en 2027 afin de réajuster l’habitat du hamster.