Hamster d’Alsace : « les effectifs restent fragiles », en un an, la moitié des terriers a disparu
Chaque année, depuis la construction du GCO en 2018, un grand lâcher de hamsters a lieu dans la plaine d’Alsace. Mais les effectifs restent fragiles et sont encore en deçà du seuil de viabilité, selon la direction régionale de l’environnement. En 2025, le comptage a permis de recenser 557, contre 1155 en 2024.
Les travaux pour créer le GCO, le grand contournement routier, à l’ouest de Strasbourg, entre fin août 2018 et décembre 2021, ont engendré la destruction de 300 hectares de forêts, de zones naturelles et de champs. Le monde animal et végétal en a largement souffert, malgré les oppositions acharnées de communes, de riverains et d’associations de sauvegarde de l’environnement.
Depuis, sur le tracé de 24 kilomètres, le constructeur d’autoroutes Vinci, doit financer des compensations environnementales. Parmi elles, des lâchers de hamsters communs (nom latin, Cricetus cricetus), un petit rongeur connu aussi sous le nom de Grand hamster d’Alsace.
Le dernier comptage des terriers de ces hamsters, a été réalisé en avril et mai 2025, dans le cadre du plan national d’actions 2019-2026. L’OFB (Office français de la biodiversité) a vérifié la présence de ce petit mammifère dans quarante et une communes du Bas-Rhin et du Haut-Rhin.
D’une forte présence, à la menace de disparition
Le rongeur tricolore (roux et blanc sur le dessus, avec un peu de noir sous le ventre) mesure entre vingt et trente centimètres de haut et pèse à l’âge adulte entre 220 et 450 grammes.
Très présent, voire trop, au goût de certains agriculteurs, dans les années soixante, le hamster sauvage a été piégé (les enfants touchaient un peu d’argent de poche pour chaque individu rapporté et détruit), au point de frôler l’extinction.
Les relâchés des dernières années doivent redonner une chance à l’espèce. Chaque année, depuis la construction du GCO en 2018, on assiste donc à un lâcher de hamsters. En juin 2025, ce sont ainsi 75 individus, mâles et femelles, âgés d’un à deux ans, qui ont été libérés dans un champ, spécialement préparé avec des terriers creusés pour les accueillir, à Oberschaeffolsheim.
Que reste-t-il de ces animaux après quelques mois ? Ont-ils survécu, trouvé la nourriture nécessaire, se sont-ils reproduits, ont-ils échappé aux voitures et aux prédateurs que sont les rapaces ?
Selon le résultat des opérations de comptage, publié par la préfecture de la région Grand Est, l’année 2025 « marque une pause dans la tendance d’évolution à la hausse du nombre de terriers depuis 2016. Eric Thouvenot, de la DREAL, direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement développe cette notion de baisse : « En 2024, l’espèce était présente sur près de 4000 ha, et en 2025, elle n’est plus présente que sur 3075 ha. En 2024, le comptage avait permis de dénombrer 1155 terriers et en 2025 il en reste 557. »
En 2023, le grand hamster était présent sur 28 communes alsaciennes, avec au moins un terrier, en 2025, il est présent sur 24 communes. Une chute de la population de plus de la moitié, non encore expliquée au moment de la publication des résultats de comptages.
Le rôle de l’environnement pour la faune sauvage
Si certaines associations de sauvegarde des espèces contribuent à ces lâchers de hamsters en Alsace, d’autres alertent sur la quasi-inutilité de la démarche et des investissements qui y sont liés. Pour le directeur d’Alsace nature, l’habitat ainsi proposé n’est malheureusement pas suffisamment adapté aux besoins de ces animaux. Ces hamsters sont lâchés dans des zones préparées pour eux et des agriculteurs leur réservent (contre rémunération) des cultures qui serviront de nourriture aux rongeurs.
« Des fois même on leur met une clôture pour les protéger des prédateurs, ou leur laisse du blé sur pied, pour qu’ils fassent leurs réserves. Tout cela est complètement artificiel, l’intérêt d’une espèce sauvage est qu’elle puisse se débrouiller de manière autonome. » Pour lui, la seule façon de permettre à cette espèce sauvage de se réinstaller réellement en plaine d’Alsace, c’est de revenir à une diversité culturale.
Du côté de la DREAL, les motifs de ces chutes de population sont en cours d’étude. Pour l’instant, les comptages réalisés, indiquent que « les effectifs restent fragiles et en deçà du seuil de viabilité, estimé à 1 500 individus sur un territoire de 600 ha d’un seul tenant. »
Les prochains comptages de 2026 et 2027 devront permettre de déterminer si 2025 correspond à un retrait ponctuel des populations de hamsters, comme celui observé en 2021, si le déclin est continu, ou si les populations alternent entre phase d’accroissement et phase de repli.
S’il s’avère que les populations de grands hamsters d’Alsace connaissent des phases d’alternance entre accroissement et repli, cela serait un encouragement pour les acteurs de la protection de cette espèce à poursuivre leurs efforts.
Écrit par
France 3 Grand Est
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